18 oct. 2006

LE MONDE (15 octobre)

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-823545@51-811461,0.html

Le "show-biz" récupère le "buzz"
LE MONDE | 14.10.06 | 14h21 • Mis à jour le 14.10.06 | 14h21

L'Internet va vite. Kamini, jeune infirmier noir, fils du médecin de Marly-Gomont (Aisne), vient de le vérifier. Ce rappeur dans l'âme ne vient pas d'une "té-ci" (cité), comme il l'explique dans un clip hilarant (www.kamini.fr) tourné cet été avec les moyens du bord. Mais, en trois semaines de septembre, il a fait le tour de la Toile, de la filière musicale et des médias. Filmé au milieu des vaches et des prés, le jeune homme, cheveux dressés, look de B-boy, raconte sa vie de "seul black" de Marly-Gomont. Un de "ces p'tits patelins que personne connaît, même pas Jean-Pierre Pernaut !". Une imparable description de l'ambiance rurale par le "pépito, bamboula" de service, comme on l'appelait dans la cour de récré, de l'école primaire jusqu'au lycée.

Un jeune homme de son temps, au vocabulaire urbain, et bien élevé. Mercredi 4 octobre, pas rancunier, Jean-Pierre Pernaut, au 13 heures de TF1, lui consacrait un reportage de trois minutes, tourné dans ce village de Picardie devenu depuis l'objet de toutes les curiosités. A cette date, Kamini a déjà fait le tour des plateaux de variété. Le 28 septembre, il répondait aux questions d'Ariane Massenet et Michel Denisot, sur le plateau du "Grand journal" de Canal+ ; le 22, il était l'hôte de Karl Zéro sur son site Web2zero, et se soumettait aux vannes de Cauet dans son émission de Fun Radio, retransmise sur Fun TV.

Aujourd'hui, son site kamini.fr enregistre des milliers de connexions par jour. "Mercredi 11 octobre, nous en avons eu 300 000, explique Martin Coulon, son manageur. Il faut dire que nous avions fait quatre télés dans la journée." Dont une apparition chez Laurent Ruquier sur France 2. "J'ai reçu des messages d'une télé à Hongkong, d'un magazine coréen, de Français installés à San Francisco, s'amuse Kamini. C'est impressionnant."

Il aura suffi de quelques mails pour faire passer le rappeur rural du statut de parfait inconnu à celui de nouvelle star. Un phénomène qui rappelle les succès de Lorie ou de Raphaël, révélés par le site Peoplesound.com à la fin des années 1990, ou plus récemment le Zidane y va marquer de Cauet, suivi du Coup de boule, avatar plus zouké, concocté par des habitués des coups marketing, responsables d'un micro-label, Plage records. A la différence que Kamini, lui, n'a toujours pas de disque à vendre. "J'ai l'impression de commencer par la fin", dit-il, depuis son service de nuit d'infirmier psychiatrique àLille, un job qu'il a gardé - "ça me remet les pieds sur terre". Et de plaisanter : "On peut dire que la virtualité d'Internet est bien réelle en tout cas..."

Tout commence au début du mois de septembre. Kamini envoie son clip à des maisons de disques, des majors parisiennes : Warner, Sony BMG, Universal, EMI. Ou plutôt un lien vers une page du site Internet de La Plèbe production, un label de rap indépendant lillois. Martin Coulon, son fondateur, conseille Kamini depuis longtemps. Il est animateur de radio, s'occupe d'un studio d'enregistrement à Lille et connaît bien le milieu musical régional. "Le lien, c'était justement pour que cette vidéo ne se ballade pas. On ne pouvait pas la télécharger. L'idée, c'était d'obtenir un rendez-vous en maison de disques, parce qu'on savait qu'on avait un truc très original. Ça n'avait rien d'un délire entre potes."

Les maisons de disques n'auront pas le temps de répondre. Un stagiaire enthousiaste transmet le lien à des amis, qui selon le principe de la diffusion virale sur Internet, le transmettent à d'autres, dans un milieu plutôt branché et proche des médias. Le 12 septembre, quelques jours seulement après l'envoi aux maisons de disques, le lien apparaît sur "le blog du patron" de Lafraise.com, une toute jeune société d'impression sur tee-shirt pour urbains à la mode, très fréquenté par les graphistes.

Emilie Desbonnets, coréalisatrice du clip et graphiste de profession, réagit sur le forum : "Contente que ça plaise, mais ce clip n'a rien à faire en ligne, je l'ai réalisé pour Kamini dans le but d'une maquette de promo pour une maison de disques et il n'était pas censé être divulgué et encore moins mis en ligne. Kamini était énervé, moi aussi." Martin Coulon reconnaît qu'il a même songé "à supprimer le lien, un instant." Heureusement pour son poulain, il n'en a rien fait.

A Canal+, Régis Lamanna-Rodat est un des programmateurs du "Grand journal". Il s'occupe du plateau "découvertes" mis en place depuis la rentrée. Sa mission ? "Chercher des profils à part, des tronches qu'on ne connaît pas ou qui vont bientôt éclater. Et Internet est un très bon vecteur de découvertes." Il a, comme beaucoup de monde dans la semaine du 15 septembre, reçu le mail d'un ami qui lui conseillait de regarder la vidéo de Kamini. "Le clip nous a tout de suite plu, et le "buzz" nous a convaincus qu'il fallait inviter Kamini très rapidement. Quand nous l'avons contacté, nous étions au courant de son passage chez Cauet et d'un article en préparation pour Libération." Picard d'origine, Jean-Pierre Pernaut fut, avec RCV, radio associative locale, parmi les premiers à réagir, mais, explique Martin Coulon, le manageur, "attaquer direct avec le 13 heures de TFI, c'était risqué. Kamini n'avait jamais "fait" de média. Nous avons préféré attendre un peu".

La petite équipe, qui entend garder la maîtrise du "buzz", a décidé de ne refuser aucune interview, traitant - à l'inverse des plans médias de l'industrie du disque - organes associatifs, médias branchés ou de masse sur un pied d'égalité. Kamini et son manageur ne cessent de faire des allers-retours à Marly-Gomont - ils habitent l'un et l'autre à Lille - pour répondre aux interviews et poser devant le panneau à l'entrée du village. Curieusement, seule la presse rap ne s'est pas manifestée.

Aujourd'hui, l'urgence, pour les deux compères, est de ne pas laisser passer leur chance. Ils travaillent à la sortie d'un album, dont la maquette est enregistrée, et veulent sortir "le rap de Marly-Gomont" car "les gens le réclament", dit Kamini. Deux maisons de disques, Warner et Sony BMG, lui ont fait une offre sérieuse, "d'artiste et non de "coup"". Contactées les premières par le duo, elles ont assistées, impuissantes mais ravies, à la médiatisation fulgurante du rappeur. Et, du coup, elles ont ajusté leurs propositions.

Ce phénomène, spontané dans le cas de Kamini, mais pas inédit, les maisons tentent de le reproduire, depuis le succès du groupe Arcade Fire (initié par les blogs musicaux en 2004), des Arctic Monkeys (révélés par le site communautaire MySpace en 2005), ou très récemment de la jeune Lily Allen (lancée sur MySpace également).

La caution populaire concrétisée par les téléchargements spontanés sur Internet est l'équivalent du vote des spectateurs d'émissions de télé-réalité comme "Nouvelle star" (M6) ou "Star Academy" (TF1). Elle crédibilise l'artiste face aux médias, surtout lorsqu'elle se produit sur des sites comme MySpace ou YouTube - propriétés respectives de Rupert Murdoch et de Google -, qui drainent des millions d'internautes et où les directeurs artistiques des majors de la musique rôdent en nombre.

L'usage de ces sites devrait se développer, car il limite la prise de risques en amont : Internet permet de tester le potentiel de l'artiste sans dépenser beaucoup d'argent. Encore faut-il parvenir à faire remonter sa bulle à la surface de cet océan d'artistes en devenir présents sur le Net. Il existe des ruses, révèle Richard Cabaret, créateur de la société Overseas, et manageur de Little, une jeune artiste en vogue sur MySpace : "Les maisons de disques utilisent parfois des robots pour faire grimper en flèche le nombre de connexions sur la page de l'artiste, et remonter sa page dans les référencements."

Après l'affaire Kamini, dans les maisons de disques, des armées de "stagiaires enthousiastes" sont déjà sur le pied de guerre.
Odile de Plas et Véronique Mortaigne
Article paru dans l'édition du 15.10.06

5 oct. 2006

France 3 (jeudi 05 octobre)

LE JOURNAL DU 12/13
Intéressant reportage où le journaliste est allé à Marly-Gomont (mardi) pour filmer le chanteur sur ses terres. Nous sommes donc passés de la simple découverte de l'artiste les trois premières semaines à l'impact médiatique et même les détails du clips, le décor et les figurants.
Face à la caméra, une dame du village (sans doute le maire) à Kamini: "j'ai vu dans l'Humanité que le journaliste vous a surnommé le Corneille des patures" ... C'était moi le journaliste. Une petite trouvaille sémantique que j'ai remise dans Le Soir et que je retrouve maintenant ailleurs dans les médias.

Lien vers le reportage:
http://jt.france3.fr/1213/index-fr.php?jt=0&start=1319

Vous verrez très vite l'article d'une journaliste du service Culture du Monde à son sujet. Il est encore dans les bacs mais prêt depuis mardi.

4 oct. 2006

TF1 (mercredi 4 octobre)

KAMINI AU JOURNAL TELEVISE DE JEAN PIERRE PERNAUT (13h)

D'un certain point de vue, on pourrait presque dire que la boucle est bouclée. Kamini a fait découvrir Marly-Gomont à Jean-Pierre Pernaut, comme il le souhaitait dans sa chanson.
Il faut dire que TF1 a été un des premiers à le contacter mais a profité que l'artiste soit revenu à Marly-Gomont pour l'AFP (voir dessous) pour le filmer ainsi que les habitants.

LE SOIR (mardi 3 octobre) ;-)


Supplément ados du quotidien national belge Le Soir, édition du mardi 3 octobre. J.P.

EXTRAIT
Cela fait cinq jours que j'ai balancé son site en ligne et on a déjà reçu 500.000 visites », explique Martin. Un chiffre qui donne le vertige à son ami Kamini, infirmier psychiatrique à Lille et rappeur picard dont le morceau « Marly-Gomont » affole les internautes depuis trois semaines. De tous âges et de toutes origines, les fans de Kamini ont été séduits par un clip humoristique dans lequel l'artiste en herbe raconte son histoire ou les difficultés d'être jeune et noir dans la campagne profonde.

Photo AFP (mardi 3 octobre)


photo afp

"Je viens pas de la cité mais le +beat+ est bon/je viens pas de Paname mais de Marly-Gomont": avec un clip amateur sur internet, Kamini, rappeur "rural", a connu rapidement la notoriété en racontant ses souvenirs de gamin noir dans un tout petit village de l'Aisne. • François Nascimbeni (AFP/AFP - mardi 3 octobre 2006, 13h57)

AFP (mardi 3 octobre)

Kamini, "rappeur rural" célèbre en quelques jours sur internet
Par S.T.

MARLY-GOMONT (Aisne) (AFP) - "Je viens pas de la cité mais le +beat+ est bon/je viens pas de Paname mais de Marly-Gomont": avec un clip amateur sur internet, Kamini, rappeur "rural", a connu rapidement la notoriété en racontant ses souvenirs de gamin noir dans un tout petit village de l'Aisne.Basket rouge, jean baggy et veste en cuir cintrée, bandeau noir dans les cheveux, Kamini, 26 ans, a repris pour les besoins des médias le chemin de Marly-Gomont (423 habitants), "un petit patelin que personne ne connaît/même pas Jean-Pierre Pernaut".

"Marly-Gomont est une chanson qui raconte ma vie", assure le rappeur, assis au pied de la belle maison picarde en briques rouges où son père d'origine congolaise avait installé son cabinet de médecin généraliste au rez-de-chaussée.Au milieu des bocages, des vaches laitières et des églises fortifiées de la Thiérache, le fils du docteur s'est fait traiter de "bamboula", "pépito" ou "la noiraude" à l'école, car "dans la bouche des enfants/réside bien souvent la vérité des parents", si l'on en croit sa chanson.
"Il n'y a pas de bitume/que des pâtures/ça n'empêche que j'ai croisé/pas mal d'ordures", ajoute le texte. Les mots sont durs, mais le ton est sans violence ni rancune. Le clip est même un petit bijou d'autodérision, dans lequel le chanteur promène sa silhouette urbaine et "branchouille" au milieu des veaux et des tracteurs, en rappant avec les agriculteurs!
A l'origine, le clip, tourné avec une copine étudiante en audiovisuel, ne devait servir qu'à démarcher les grosses maisons de disques pour enregistrer un album, avec le soutien d'un petit label de Lille, La Plèbe.
"Une dizaine de jours après son envoi à des professionnels, il s'est retrouvé sur un forum. Trois heures après, il y a déjà 25 commentaires: +génial+, +excellentissime+, +déjà culte+...La folie furieuse", résume le responsable de La Plèbe, Martin Coulon, 32 ans.
Depuis, plus d'un million de personnes ont vu le clip sur www.kamini.fr ouvert le 21 septembre. Une semaine plus tard, le rappeur des champs passait en prime time sur Canal Plus, sans oublier un reportage au 13H00 de TF1 de... Jean-Pierre Pernaut.
"Beaucoup de gens pensent que c'est un coup. Mais on a d'autres titres. On a déjà un album fini", assure Kamini, qui vit désormais à Lille où il gardé son travail d'infirmier psychiatrique deux nuits par semaine.
"Les majors sont entrées en contact avec nous. Elles savent que le public et les médias sont derrière nous", selon son producteur lillois.
Martin Coulon assure aussi que "Marly-Gomont" n'a rien à voir avec l'autre succès musical de l'été sur internet, "Zidane il a frappé": "La différence, c'est que Kamini est auteur, interprète et compositeur. Il a un potentiel à la MC Solaar ou Doc Gynéco. C'est un mec qui dépasse le hip-hop...".
"Le mec n'a pas un super flow (débit vocal), la musique n'est pas fantastique, mais le propos est marrant et sans prétention", commente Olivier Cachin, critique hip-hop et auteur d'un livre à paraître sur les "100 albums essentiels du rap".
A Marly-Gomont, Kamini reçoit du courrier à son nom à la mairie. "Il a fait sentir que le mal de la campagne est identique au mal des banlieues", se félicite la maire Odile Gourlin.
Et même si selon elle "des gens du village n'ont pas compris" ses allusions au racisme, tout le monde salue et klaxonne le "rappeur rural" quand il revient au pays de son enfance.