19 déc. 2006

The Sunday Times

Ma traduction en gras

03 décembre 2006

Only black rapper in the village has France dancing
Le seul rappeur noir d'un village qui fait danser la France

Matthew Campbell, Paris

A QUIRKY song that appeared on the internet last month about life in a tiny French village has sparked a bidding war by record companies to sign up the young artist whose “country rap” is suddenly being hailed as all the musical rage. Kamini, as the eccentric “rural rapper” is known, eschews the usual fare of French rap — the harsh world of the immigrant suburbs, where gangs of hooded youths beat policemen senseless and set fire to buses and cars.

> Apparue sur internet le mois dernier (?!) , une chanson peu ordinaire sur la vie dans un petit village de France, a déclenché une guerre féroce entre les maisons de disques. Toutes veulent signer ce jeune artiste dont le "rap rural" fait jaser tout le milieu. Connu comme l'exentrique "rappeur rural", Kamini n'est pas tombé dans le moule du rap Francais: la dure vie d'immigré de banlieue, où des gangs de jeunes lascars s'en prennent à la police ou mettent le feu aux bus comme aux voitures.

Instead the 26-year-old son of a doctor from Congo takes a humorous look at life growing up in the only black family in Marly-Gomont, a village of 430 inhabitants in the northern region of Picardy. The video of him dancing to a catchy rhythm in fields with sheep and cows has certainly put Marly-Gomont on the map: it has been seen by an estimated 2m people over the past few weeks, turning Kamini into a phenomenon of le rap and prompting offers from recording companies such as Warner and Sony.

> Agé de 26 ans, ce fils de docteur originaire du Congo jette un regard plein d'humour sur sa jeunesse dans la seule famille de noirs de Marly-Gomont, un village de 430 âmes en Picardie, au nord du Pays. Les images de Kamini entrain de danser au milieu des moutons et des vaches, sur un rythme entraînant, ont sans doute fait apparaitre Marly Gomont sur la carte de France. Ces dernières semaines, ils sont plus de deux millions à être allés voir le clip vidéo, transformant Kamini en phénomène du rap et multipliant les offres des maisons de disques comme Warner ou Sony.


Kamini certainly looks the part with his shock of hair, baggy jeans and T-shirt but the performance, in some ways, seems like a parody of the genre. Instead of the scantily clad women and gleaming, fast cars that most, self-respecting rappers include in their videos, Kamini’s features a Massey Ferguson tractor and a chorus line of plain-looking white locals clumsily trying to copy the movements of the star. There is a serious side to it, too, as Kamini points out some of the contradictions of racism, getting one local in his song to say: “I don’t like Arabs, I don’t like blacks, but you, I quite like, although you’re black.”
> Certes, Kamini ne laisse personne indifférent avec ses cheveux en pétard, son jeans et son t-shirt trop grands mais sa prestation musicale, ressemble, d'une certaine manière, à une parodie du rap. A la place des filles bien carrossées et des bolides rutilants que tous les rappeurs qui se respectent, se doivent de mettre dans leurs vidéos, Kamini met en scène un tracteur Massey Ferguson et des choeurs issus du terroir: des visages pâles qui essayent tant bien que mal de copier les mouvements de la star. On y trouve aussi une dimension sérieuses puisque Kamini met le doigt sur les contradictions du racisme en faisant dire à un villageois: "J'aime pas les arabes, j'aimes pas les noirs mais toi j't'aime bien, même si t'es noir".

The population of Marly-Gomont, sings Kamini in the video filmed by his girlfriend, is “easily 95% cows for 5% humans and among these, only one black family: it had to be mine, what a bloody nightmare”. He recalls how he cried on his first day at school after being taunted by the other children, and gestures at the empty, green landscape dotted with cows. “I wanted to rebel, but there’s nothing to burn here. There’s only one bus, it’s for school.”
>Dans le clip vidéo tourné par sa copine, Kamini dit en chantant que la population de Marly-Gomont est composée à 95% de vaches et 5% d'habitants, et parmi eux une seule famille de noirs: fallait que ça soit la mienne, putain un vrai cauchemar". Ils se rappelle ces larmes après son premier jour d'école, quand ses camarades se sont moqués de lui.. Puis il s'en prend à ce paysage vert, désert, parsemé de vaches. "Je voulais me révolter mais il n'y a rien à brûler. Seulement un bus et c'est celui de l'école".

In August Kamini sent his video to a small recording company in Lille, where he works as a part-time psychiatric nurse. The company sent it to Paris. “Apparently, some young intern who liked it began sending it around on the internet to people he knew,” said Kamini last week. Soon people were tapping their feet to it all over France. He appeared on television chat shows, becoming an instant celebrity. His website received 300,000 hits on the day after his first appearance and a growing fan club includes messages from people who claim children as young as 16 months dance to his video.
>En août dernier, Kamini envoie son clip vidéo à un studio d'enregistrement de Lille, ville où il travails comme infirmier psychatrique à temps partier. Le studio l'a envoyé à Paris. "Apparemment, un jeune stagiaire qui trouvait le clip à son goût, a commencé à l'envoyer à ses amis sur internet" a révélé Kamini la semaine dernière. Très vite, tout le pays battait le rythme sur la chanson de Kamini. Il passera à la célébrité instantanée en apparaissant sur le plateau télé d'une émission. Son site internet recevra 300 000 visites le lendemain de sa première prestation télé tandis qu'un site de fans se développe, avec parmi les inconditionnels, un bambin de 16 mois dont on prétend qu'il se trémousse devant le clip.

Some commentators have compared the hoopla surrounding the rapper to the success enjoyed over the summer by a song aired on the internet about France’s loss in the World Cup final to Italy. However, a producer with the recording company in Lille said there was nothing ephemeral about Kamini, comparing him to famous French rappers such as Doc Gynéco and MC Solaar. Kamini himself shows no sign of running out of inspiration. He said he had composed many other songs and was preparing to release an album. He will not reveal the title. But it is just as well French villages often have musical names

> Certains professionnels ont comparé l'effervescence autour du rappeur au succès estival d'une chanson mise sur internet le lendemain de la défaite de la France en finale de la coupe du monde. Mais un producteur basé à Lille affirmait qu'il n'y avait rien d'éphémère avec Kamini, en le comparant avec des rappeurs français connus comme Doc Gyneco ou MC Solaar. Kamini lui-même, ne semble pas manquer d'inspiration. Il confie avoir déjà composé d'autres chansons et prépare un premier album dont il n'a pas souhaité en révéler le titre. Mais on sait grâce à lui que les villages français portent des noms mélodieux.

18 déc. 2006

TIME MAGAZINE














Ultime consécration médiatique, Kamini en couverture du TIME magazine, dans son édition mondiale, samedi 16 décembre. Je vous propose ma traduction, en gras.


Kamini
Straight Outta Cowtown
Big up de la cambrousse
By LEV GROSSMAN

Kamini grew up in a tiny town deep in the French countryside called Marly-Gomont. He stood out, in part because everybody stands out in Marly-Gomont—pop. 432—but partly because Kamini is black. There aren't a lot of black people in Marly-Gomont.

>Kamini a grandi dans un petit village de la campagne francais baptisé Marly-Gomont. Il s'est fait remarqué - certes tout le monde se fait remarquer à marly Gomont avec seulement 432 habitants- par sa couleur de peau. On ne trouve pas beaucoup de noirs à Marly-Gomont.

Kamini (who keeps his last name private) wanted to be a hip-hop artist. It's a long way from Marly-Gomont to South Central L.A., but he recorded a song and shot a video with a friend. Total budget: 100 euros. The name of the song was Marly-Gomont, and in it Kamini raps about what he knows. "I couldn't rap about 'bitches' and 'hos' and do that whole gangsta thing," he says, "because it's not true. It's not my life."

> Kamini (il préfère cacher son nom de famille) voulait être artiste hip-hop. La route est longue entre Marly-Gaumont et Los Angeles mais il a quand même enregistré sa chanson et son clip, avec l'aide d'une amie. Budget total: 100 euros. La chanson s'intitule "Marly Gomont" et kamini parle de ce qu'il connaît bien. "Je ne pouvais pas faire des rimes sur les pétasses, le ghetto et tous ces trucs de gangsters qui vont avec" dit-il. "Parce que ce n'est pas vrai. Ce n'est pas ma vie".

Instead he raps about cows and tractors and soccer. "In Marly-Gomont," the song goes (it's in French), "there's no concrete/ 65 is the average age around here/ One tennis court, one basketball court." The video shows Kamini raisin' the roof with the village elders, who obviously think he's hilarious. But Kamini also raps about racism and being different: "I wanted to revolt, except that there, there's nothing to burn./ There's just one bus for the high school, same for the community center,/ Not worth going and burning a neighbor's car,/ Cuz they don't have them, they've all got mopeds."

> A la place, il rappe sur les vaches, les tracteurs et le foot. "A Marly-Gomont", la chanson, en français, poursuit ainsi "Il n'y a pas de béton/ 65 ans la moyenne d'age dans les environs/Un terrain de tennis, un terrain de basket". Le clip vidéo montre Kamini aux côtés d'anciens du village, debout sur un toit, et qui le trouvent plutôt amusant. Mais Kamini rappe également sur le racisme et la différence. "Moi je voulais me révolter mais ici il y a rien à cramer/ Il y a juste un bus d'école et c'est le même pour le centre aéré/ Pas la peine d'aller brûler la voiture du voisin/ Car ici ils n'en ont pas, ils ont tous des mobylettes".

On Aug. 30, Kamini and another friend put the video online and cold e-mailed some record companies to tell them about it. The response wasn't exactly a feeding frenzy. But an intern at one of the companies posted a link to the video on a bulletin board. "It's a site that sells custom-print T shirts," Kamini says, shaking his head. "It doesn't even have anything to do with music!" By the end of the day, nobody on the website was talking about T shirts. Everyone was talking about Kamini.

>Le 30 août, Kamini et un camarade mettre le clip vidéo sur internet et envoient le lien à des maisons de disques pour les inviter à le visionne. Les réactions n'étaient pas d'un enthousiasme débordant. Mais le stagiaire d'une de ces maisons de disques a aussi mis le lien sur un forum... "C'est un site qui vend des t-shirts personnalisés", Kamini précise en hochant la tête "Rien à voir avec la musique!" A la fin de la journée, plus personne dans le forum ne parlait de t-shirts. Tous n'avaient que le mot Kamini à la bouche.

The video spread to YouTube and its French equivalents, WAT.tv and Dailymotion.com. Thousands of people watched it. Kamini started getting requests to appear on radio shows. In mid-October, without having toured or even played a single gig, Kamini signed a record deal with RCA for Marly-Gomont and two albums. He was a rap star by popular proclamation. He had paid his dues virally. "Everything has happened in two months," says Kamini, who hasn't quit his part-time job as a nurse. "Look at me, sitting here at a luxury hotel being interviewed. How did all this happen?"

> Le clip vidéo s'est répandu sur YouTube et ses confrères français Wat.tv et Dailymotion.com. Des milliers de personnes l'ont visionné. Une émission de radio a commencé à la solliciter. Vers le 15 octobre, sans même avoir fait un seul concert, Kamini signe a contrat avec la maison de disques RCA, pour le titre Marly-Gomont et deux albums. Il est devenu une star du rap par plébiscite populaire. Il a fait ses armes en ligne. "Tout est arrivé en deux mois" résume Kamini, qui a conservé son emploi d'infirmier à temps partiel. "Regardez-moi. Je suis assis ici, dans un hôtel de luxe, pour une interview. Comment tout cela a pu arriver?"

The answer is that the people can make their own stars now?no auditions, no promotions. It's like American Idol, but everywhere, all the time. Though it's worth noting that the bands that have broken through online—OK Go, the Arctic Monkeys, Lily Allen, Gnarls Barkley—are a lot more interesting than the bland standards belters on American Idol.

>Est-ce parce que désormais, c'est le public qui fabrique ses vedettes? Pas de casting, pas de promo. Un peu comme le programme télévisé American Idol, mais partout, tout le temps. Notons toutefois que les groupes qui ont percé grâce au Net (Ok Go, Les Artic Monkeys, Lily Allen, Gnarls Barkley) sont beaucoup plus intéressants que les vainqueurs sans saveur d'American Idol.

Some rules haven't changed. People respond to talent and authentic emotion, and Marly-Gomont has them. "I'm not the only one on the Internet with a video," Kamini says. "But Marly-Gomont is different. It shows my real nature, and people respond to that. Materially speaking, it's the Internet that made it popular. But behind that, emotionally speaking, are people."

> Certaines règles ont changé. Les gens sont sensibles aux talents et aux émotions authentiques. Marly-Gomont en fait partie. "Je ne suis pas le seul sur internet avec son clip vidéo" explique Kamini. "Mais avec Marly-Gomont, c'est différent. On y voit ma vraie nature et les gens y sont sensibles. D'un point de vue purement technique, c'est Internet qui m'a rendu populaire. Mais derrière ça, d'un point de vue émotionnel, c'est le public".